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Les signes lapidaires de l’église Saint-Étienne

L’église paroissiale de Court-Saint-Étienne est fascinante à plus d’un titre. Sa tour remonte à l’époque romane, au 11e ou 12e siècle. Au 16e siècle, elle est reconstruite une première fois et à la fin du 18e siècle, une nouvelle reconstruction lui donne son visage actuel. La tour est à chaque fois conservée, mais on lit sur ses murs les traces de ces grands travaux.

Lisons donc ces murs, l’histoire qu’ils peuvent nous raconter. Ils ont deux moyens de nous montrer ce qui leur est arrivé : l’origine des matériaux qui les composent et d’étranges signes, langage mystérieux, qui parsèment leurs pierres de taille.

Les côtés de la tour sont composés jusqu’à un certain niveau de « schiste » local, la roche sur laquelle elle est bâtie, puis la pierre « de Gobertange » leur succède jusqu’au clocher.

Le schiste se trouve sur place. Il ne faut pas le transporter sur de grandes distances par des chemins impraticables dès qu’il pleut. Les bâtisseurs du 11e siècle vont l’utiliser, même si cette roche s’abime assez rapidement en se délitant. Il sera la pierre de l’église romane.

La pierre de Gobertange vient de plus loin. Mais les bâtisseurs du 16e siècle disposent de meilleurs moyens de communications que leurs aïeux et cette pierre est bien plus solide que le schiste. Ils l’emploient pour rhabiller les murs de la tour et construire une tourelle d’escalier au couchant.

L’église reconstruite au 16e siècle le serait donc en pierres de Gobertange ? Ce n’est pas si simple !

Voyons la façade de la tour : elle est couverte de pierres de taille en calcaire bleu. Manifestement, cette façade n’est pas bien accrochée aux côtés : elle déborde à certains endroits, semble se détacher à d’autres. Elle a été certainement appliquée à une époque ; mais laquelle ?

L’examen attentif, il faut l’être, de ces pierres révèle la présence de signes étranges : des flèches, des espèces de diabolo, d’autres plus compliqués encore. Ces signes ont un sens : ils désignent chaque fois un maitre de carrière qui signait comme cela la pierre venant de son ouvrage. Ainsi, chacun pouvait montrer les pierres qu’il avait fournies pour toucher son dû, et aussi montrer aux passants que ces belles pierres venaient de chez lui ! Une sorte de publicité !

Une science est née de l’étude de ces signes lapidaires: la « glyptographie ». Grâce à elle, on peut dater ces signes et ceux que nous pouvons découvrir sur la façade de la tour sont du 16e siècle.

Voilà l’explication : au 18e siècle, l’église, de nouveau en fort mauvais état, est reconstruite. On utilise la brique pour la nef et le chœur. Le soubassement est en pierres bleues et celles-ci portent les mêmes signes que la façade de la tour ! On peut donc imaginer que l’église reconstruite au 16e comportait de nombreuses pierres bleues en provenance d’Arquennes et de Feluy. Ces pierres ont été partiellement réutilisées pour reconstruire une façade à la tour lors des travaux de la fin du 18e siècle.










Sources :

- Signes lapidaires, Belgique et Nord de la France, Nouveau Dictionnaire,
Jean-Louis Van Belle, Louvain-la-Neuve, 1994, 844 p.


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- Signes lapidaires, Belgique et Nord de la France, Nouveau Dictionnaire,
Jean-Louis Van Belle, Louvain-la-Neuve, 1994, 844 p.


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