Après avoir fin 2009 largement contribué à redonner son lustre d’antan au monument Émile Henricot dans le cadre de l’aménagement de la place des Déportés, le Patrimoine Stéphanois a lancé récemment un vaste chantier de remise en état de quatre monuments commémoratifs du centre de la localité.
Cette opération s’est inscrite dans le cadre des festivités du 70e anniversaire du « Souvenir franco-belge » qui s’est tenu en mai 2010.
La restauration des monuments a concerné d’une part les pierres : rejointoiement et nettoyage, pose d’un film protecteur, dorure de certaines inscriptions et, d’autre part, les bronzes : démontage, nettoyage et remise en patine, pose de nouveaux ancrages et remontage.
Faisons plus ample connaissance avec les trois monuments situés Place communale.
Monuments aux Morts des guerres
1914-1918 et 1940-1945
Le conseil communal du 10 avril 1920 a décidé, à la demande de la section locale de la Fédération nationale des anciens combattants, d’élever un monument en l’honneur des militaires et civils décédés ou disparus à la guerre 14-18 ou en déportation. Par la suite, ont été ajoutés les noms de trois militaires décédés à la guerre 40-45.
Inauguré le 15 août 1920, le monument se compose d’un socle massif en pierre d’Euville surmonté d’une statue « Dame Victoire » en bronze, due au sculpteur Pieter-Jan Braecke (Nieuport 1858 – Nossegem 1938). Un Braecke qui livre ici une femme triomphante, œuvre empreinte du style de la Renaissance, bien éloignée de sa production habituelle d’après-guerre qui représente généralement des soldats ou des femmes en deuil tels ceux par exemple de deux de ses monuments contemporains les plus connus, het Ijzermonument et het Oorlogsmonument, tous deux situés à Nieuport.
Le bronze a été coulé en plusieurs parties à la Fonderie nationale des bronzes J. Petermann, Bruxelles.
Sur la face avant du socle est gravée l’inscription : « HONNEUR ET PATRIE – COURT-SAINT-ETIENNE À SES ENFANTS MORTS POUR LA BELGIQUE 1914-1918 1940 ».
Sur les deux faces latérales, les noms des 12 militaires tués lors de la 1re guerre mondiale avec, en sus sur la face latérale droite, les noms des 3 militaires tués lors de la 2e guerre mondiale.
Enfin, sur la face arrière figurent les noms des 3 déportés civils décédés pendant la guerre 1914-1918.
Monument français
C’est à l’initiative de la section des anciens prisonniers de guerre que ce monument a été élevé à la mémoire des 43 officiers, sous-officiers et soldats français, tombés sur le territoire de la commune de Court-Saint-Étienne lors des combats de mai 1940.
Inauguré le 13 mai 1956, le monument en grès de Meuse est dû à l’architecte Gaston Delbrassine (Tilly 1923- Charleroi 1981). Entourée de deux dagues en bronze, la plaque centrale mentionne : « AUX 43 OFFICIERS SOUS-OFFICIERS ET SOLDATS FRANÇAIS TOMBÉS EN MAI 1940 ».
Une deuxième inauguration a été organisée le 13 mai 1962 : le monument est complété de trois dalles en pierre bleue reprenant les noms des 43 victimes (en fait, 42 ont été identifiées, la 43e est désignée « inconnu ») et d’un coq gaulois en bronze.
Sur la partie inférieure, quatre plaques marbrières posées ultérieurement rappellent les noms des régiments engagés dans la bataille : 43e R.I., 2e D.I.N.A., 22e R.T.A., 1er R.I. et 215e R.A.D.
Monument du Lieutenant général
Comte Albert Goblet d’Alviella
Monument élevé en mémoire du lieutenant général comteAlbert Goblet d’Alviella (Tournai 1790 – Bruxelles 1873), figure marquante de l’indépendance nationale et inspecteur général du Génie, ministre de la Guerre et des Affaires étrangères, Ministre plénipotentiaire, Ministre d’État.
Un bossage en pierre bleue supporte une large pyramide quadrangulaire tronquée en pierre bleue avec son blason aux trois merlettes ; une niche abrite un buste en bronze du Lieutenant général dû à Jef Lambeaux (Anvers 1852 – Saint-Gilles 1908), daté de 1887, le représentant vraisemblablement à l’époque de la fin de sa carrière militaire (février 1854).
Le bronze a été coulé à la cire perdue par la Compagnie des bronzes, Bruxelles.
Monument aux victimes civiles du nazisme
Au parc de Wisterzée, à l’angle de l’avenue des Combattants et de la rue Ernest Cosse,s’élève le Monument aux victimes civiles du nazisme, érigé à la mémoire des victimes du nazisme, fusillées, pendues ou décédées suite à la torture ou dans des camps de concentration.
Réalisé à l’initiative du « Comité du monument », présidé par Paul Dupuis, le monument a été inauguré une première fois le 26 août 1951.
Par la suite, une statue en pierre blanche de type Savonnière due au sculpteur Louis Van Cutsem (Evere 1909-Schaerbeek 1992) a été placée et inaugurée le 17 avril 1966. Celle-ci représente un prisonnier politique, pieds et mains entourés d’un carcan relié à une chaîne.
À l’origine gravés dans la pierre, les noms des onze victimes sont maintenant inscrits sur 2 plaques en marbre fixées sur les éléments extérieurs entourant l’élément central, sur lequel est gravée l’inscription : « COURT-SAINT-ÉTIENNE À SES RÉSISTANTS MARTYRS 1940 1945 ».
Le Patrimoine Stéphanois est heureux d’avoir pu mener à bien cette mission dans le double but, d’une part, de perpétuer le souvenir de nos aînés morts pour que nous soyons libres et, d’autre part, de mettre en valeur le patrimoine monumental de Court-Saint-Étienne. Nous formons le vœu que la population veille à garder intacts ces témoins du passé et que les propriétaires des monuments prennent les mesures adéquates pour maintenir ces monuments dans l’état de conservation dans lequel nous les leur confions.
Remerciements à : département du Patrimoine du Service public de Wallonie, service Travaux de la commune de Court-Saint-Étienne, madame Catheline Metdepenninghen et monsieur Marcel Celis de Ruimte en Erfgoed afdeling West-Vlaanderen, madame Joëlle Rotsart de Hertaing de la Chambre des Représentants, madame Paulette Pelsmaekers ainsi que messieurs André Possot et Patrick de Dorlodot, messieurs Gilbert Gillon et Leonardo Rizzo de la société Galère, monsieur Luc Harzé de la fonderie d’art éponyme et monsieur Marc Gruslin, spécialiste en gravures et dorures.
(L’utilisation des photos est autorisée gracieusement moyennant la mention : ©Le Patrimoine Stéphanois asbl)
Sources :
1218 Curtis Sancti Stephani, Paul Pilloy-Cortvriendt, Éd. Philsteph, 1995
Recherches de P. Pelsmaekers et G. Noël
Photographies : Gérard NOËL
G. NOËL juillet 2010