Dans son article « Un essai d’application de la symbolique comparée à l’architecture funéraire : cimetière de Court-Saint-Etienne », publié en 1889, Adolphe SAMYN nous livre une explication pour chaque symbole. Sur les colonnes extérieures sont réunis les caractères, signes ou emblèmes qui ont servi à distinguer, soit la Divinité suprême, soit son principal représentant, dans les grandes religions, tant du passé que du présent.
Voici les différents symboles et le descriptif de chacun d’eux :

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Le Chrisme en caractères grecs
Le Chrisme, monogramme formé des deux caractères grecs khi et rho, les deux premières lettres du nom du Christ. Déjà employé antérieurement sur des monnaies grecques pour abréger certains mots sans signification religieuse, ce sigle fut adopté pour symboliser le Christ dans les sépultures chrétiennes des catacombes. Il s’y trouve parfois flanqué des lettres alpha et oméga, afin d’appliquer au Christ les passages de l’Apocalypse : « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin ; celui qui a été et qui sera ».

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Tétragramme sacré des Juifs J.H.V.H.
L’abréviation usuelle du tétragramme sacré des Juifs, qui correspond à nos quatre lettres J. H. V. H. On sait que les voyelles ne se notent point dans l’écriture hébraïque. Il nous est donc impossible de savoir exactement comment se prononçait le nom du Dieu d’Israël. On a cru longtemps que les voyelles intermédiaires étaient e, o et a, ce qui donnait la prononciation Jehovah. Des motifs d’exégèse et d’étymologie, qu’il serait trop long de reproduire ici, ont fait préférer de nos jours la forme Iaheweh ou Jahveh. Si Jahveh, comme on le pense généralement, se rattache au verbe havah, être, ce nom signifierait : Celui qui est. Du reste un passage de l’Exode prête à l’Éternel cette définition de lui-même : Je suis Celui qui est. Ceci est mon nom pour toujours. (Exode III, 14-15.)

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« Tu es » en caractères grecsLe mot grec « tu es », qui, suivant Plutarque, était gravé sur le temple de Delphes : « Nous disons à Dieu : Tu es, lui donnant ainsi son vrai nom, le nom qui convient à lui seul. Car qu’est-ce qui est véritablement ? Ce qui est éternel, qui n’a ni commencement, ni fin, ce qui ne change pas avec le temps. »
C’est la même formule que développaient les prêtresses de Dodone, l’antique sanctuaire de Zeus, quand elles chantaient l’invocation traditionnelle, reproduite par Pausanias : « Zeus était, Zeus est, Zeus sera, ô grand Zeus! »

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Monosyllabe des Brahmanes : Om ou Oum
Le monosyllabe mystique des Brahmanes Om ou Oum, contraction de avam, qui signifie littéralement : Cela est. C’est l’affirmation par excellence de l’Être absolu, indéterminable, du Brahma suprême, dont il est dit dans le Brahma Upanishad : « Brahma ne peut être saisi que par celui qui dit : Il est. — Suivant M. Monier Williams, ce monosyllabe serait formé des trois lettres sanscrites correspondantes à a, u, m, et symboliserait l’Essence suprême se manifestant par la trimurti ou triade des dieux : Brahma, Siva et Vishnou.

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Allah en caractères arabes
Le nom d’Allah en caractères arabes. — Le dieu unique de l’Islam figurait parmi les divinités de l’Arabie longtemps avant Mahomet. Son nom semble dû à une contraction de l’article al et du mot Ilah, appellation divine qui se rencontre, du reste, chez presque tous les Sémites, avec la même signification qu’El chez les Hébreux : le Fort.

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Odin en caractères runiques
Le nom d’Odin en caractères runiques. — Roi des Ases, maître du Walhalla, Odin ou Odhinn, appelé aussi Wotan par certaines tribus, personnifiait, chez les Germains, l’air en mouvement, le vent, le souffle qui agite l’univers. Il apparaît surtout comme le chef des Ases, le roi des dieux du Walhalla; on lui donnait parfois le surnom d’Alfoedr ou Alfoedir, le père universel.

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Le foudre, symbole de Jupiter Optimus Maximus
Le foudre, symbole de Jupiter Optimus Maximus (I. O. M.). Le culte de Jupiter, — particulièrement du Jupiter Optimus Maximus adoré sur le Capitole, — était le plus solennel et le plus important de tous les cultes latins. C’est que le Jupiter Capitolin n’était pas seulement le maître des dieux et la personnification de la grandeur romaine. Par le développement graduel des idées religieuses, le vieux Diu pater, — le Ciel-père de toutes les branches de la famille aryenne, — était insensiblement devenu le Père qui est au ciel, voire le principe de l’univers. « Jupiter, dit le poète, est quodcumque vides, quocumque moveris. » (Jupiter est tout ce que tu vois, où que tu ailles.)

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Le marteau, emblème de la foudre, symbole de la Divinité gaulois
Le marteau, emblème de la foudre, qui semble former, avec la roue, autre emblème du tonnerre et aussi du soleil, le principal symbole de la Divinité sur les monuments figurés de la Gaule. — Peut-être se rapporte-t-il particulièrement à ce dieu Taranis dont parle Lucain dans la Pharsale et dont le nom signifierait le tonnerre (tarann) dans les dialectes celtiques. Selon M. Ch. Flouest, le marteau personnifie même la divinité suprême.

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Le Dharma chakra
«  Le Dharma chakra; la “roue de la Loi“ que le Bouddha fit métaphoriquement tourner dans sa prédication et qui représente le véritable dieu des bouddhistes : l’enchaînement des effets et des causes qui à produit l’univers et auquel il faut se soustraire pour atteindre le nirvana ou éternel repos. Notre représentation est empruntée aux sculptures du tumulus de Sanchi dans l’Inde septentrionale ; la roue y est surmontée de l’ombrelle, insigne oriental de la royauté, qui symbolise ici la souveraineté de la Loi universelle. » 

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Le feu, symbole d’Ormuzd ou d’Ahura Mazda perse
Le feu, symbole d’Ormuzd ou d’Ahura Mazda le « Seigneur omniscient » chez les anciens Perses et chez leurs descendants religieux, les Parsis ou Guèbres. A l’origine, les Perses n’avaient d’autres temples que des pyrées en plein air, comme celui dont nous empruntons la représentation aux bas-reliefs de Persépolis. Aujourd’hui encore, les Parsis n’ont d’autre objet de vénération que le feu. Aussi a-t-on appelé, de tout temps, les sectateurs de Zoroastre : adorateurs du feu. Il serait étonnant qu’à l’origine les Perses n’eussent pas, à l’instar de tous les peuples, personnifié et divinisé la flamme. Mais de bonne heure ils concentrèrent leur adoration sur la personnification du bon principe, Ahura Mazda, dont le feu devint la manifestation principale, le symbole visible.

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« an » en caractère cunéiforme
Le caractère cunéiforme an, qui, chez les Chaldéens, rendait l’idée de dieu. Dans l’écriture primitive chaque caractère est une image soit de l’objet à représenter, soit — quand on a affaire à une idée abstraite — de l’objet sensible le plus propre à évoquer cette idée. Ainsi les Chaldéens choisirent-ils comme signe représentatif de la divinité l’image d’une étoile à huit branches (formée par le croisement de quatre traits cunéiformes), — sans doute parce que les astres, particulièrement les planètes, figuraient à leurs yeux la manifestation la plus haute de la puissance divine.

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Thian, l’esprit du ciel, en caractère chinois.
Le signe qui dans l’écriture chinoise désigne le ciel ou plutôt l’esprit du ciel, Thian, considéré comme l’Empereur céleste. Ce signe est formé de deux caractères dont l’un signifie grand et l’autre un, unique. Le culte de Thian, tel qu’il a été réorganisé six siècles avant notre ère, sous l’influence de Confucius, forme encore aujourd’hui la base de la religion officielle de l’empire chinois.