Avec l’aimable autorisation de Mme Josiane Duboisdenghien, nous reproduisons ici les commentaires de M. Michel Duboisdenghien. Dans son livre intitulé « Derrière chez moi – Court-Saint-Étienne de 1830 à 1990 », au chapitre consacré à l’après-guerre, il raconte l’histoire du prestigieux bathyscaphe ou plus précisément celle de la réalisation de la nacelle, pièce maîtresse du bathyscaphe (cliquer sur le dessin pour ouvrir une fenêtre de l’image agrandie) :

Pasted Graphic
Référence des archives : F11-500 1947

« C’est au lendemain de la seconde guerre mondiale que le Fonds national de Recherches scientifiques, décida de financer une expédition sous-marine destinée à l’exploration des très grandes profondeurs sous la direction du savant suisse Auguste Piccard, de l’Université Libre de Bruxelles, et de son collaborateur Max Cosyns. 
La réussite de cette entreprise dépendait en tout premier lieu de l’exécution impeccable d’une pièce unique, la nacelle, suivant les prescriptions rigoureuses et précises du Professeur Piccard. Les U.E.H. eurent l’honneur et la responsabilité de construire cette nacelle. Un luxe inouï de mesure fut nécessaire pour mener à bien cette tâche. Le numéro d’avril 1962 du périodique  » Documentation  » des U.E.H. nous raconte :
« Après avoir mis tout en œuvre pour obtenir une pièce moulée exempte de défaut de fonderie, il restait un point extrêmement important : prévoir une réserve d’acier suffisante d’une part, et un refroidissement de la pièce bien déterminé d’autre part, pour que la solidification se fasse régulièrement en n’importe quel point de la pièce. L’examen ultérieur par le radium devait vérifier cette condition importante. Mais il a fallu, pour chaque demi-sphère, un poids d’acier liquide de douze tonnes pour réaliser une pièce ne pesant plus que cinq tonnes après l’usinage final. 
Le contrôle a permis de s’assurer qu’en aucun point, la résistance du métal n’était inférieure à nonante-sept kilos/mm²  ni supérieure à cent kilos/mm² : limites remarquables et très voisines. 
Les deux faces formant le joint autoclave ont subi un ajustage complémentaire rectifiant la planitude avec une tolérance de l’ordre du centième de millimètre, condition des deux demi-sphères par la poussée considérable exercée par l’eau aux basses profondeurs, poussée atteignant quinze mille tonnes à la profondeur de quatre mille mètres. »
La nacelle, pièce maîtresse du bathyscaphe, commencée le 15 juillet 1946, fut terminée le 19 juillet 1947. Elle servit non seulement aux expériences de Piccard mais à celles de la marine française et grâce à elle, pour la première fois, l’homme put atteindre la profondeur fantastique (surtout pour l’époque) de quatre mille cinquante mètres. Faisons nôtre la conclusion de l’article de Documentation :
« Et voilà donc comment la science a pu s’enrichir de renseignements importants sur la vie à des profondeurs jusque là inexplorées, voilà comment la faune sous-marine fit la connaissance des humains, tout cela grâce à un engin construit à Court-Saint-Étienne, tout pétri du labeur, du soin, de l’intelligence du personnel de notre usine ». »

Grâce à nos photos d’archives, découvrez en images quelques phases de la fabrication

Page00


Bibliographie : Archives du Patrimoine Stéphanois a.s.b.l.
DUBOISDENGHIEN M., 1993. Derrière chez moi – Court-Saint-Étienne de 1830 à 1990. Éd. Quorum, 160 p.


Jean Philippe LEFIN 12/2003